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Pataquès
J’espère que vous n’en ferez pas un pataquès… Car ce mot, qui serait né à la fin du XVIIIe siècle dans un théâtre, ne signifie peut-être pas ce que vous croyez. En tout cas à l’origine, ce terme un peu curieux désignait une faute de langage, celle qui consiste à faire une liaison mal-t-à-propos. D’après le grammairien et journaliste François-Urbain Domergue, comme il le relata dans son Manuel des étrangers amateurs de la langue française, paru en 1805, « pataquès » naquit ainsi :
« Un plaisant était à côté de deux dames ; tout à coup il trouve sous sa main un éventail.
– Madame, dit-il à la première, cet éventail est-il à vous ?
– Il n’est point-z-à-moi, Monsieur.
– Est-il à vous, Madame ? dit-il en le présentant à l’autre.
– Il n’est pas-t-à moi, Monsieur.
– Puisqu’il n’est point-z-à vous et qu’il n’est pas-t-à vous, ma foi, je ne sais pas-t-à qu’est-ce !
L’aventure fit du bruit, et donna naissance à ce mot populaire, encore en usage aujourd’hui. »
Ainsi, pataquès viendrait de « pas-t-à-q(ui)-est-ce ». Cependant, le linguiste Pierre Guiraud invoqua en son temps une origine plutôt basée sur la sonorité du mot. Ainsi, le terme « patac », issu de la langue d’oc, revêt deux sens : soit « éclat », comme dans « éclats de rire », soit « coup de poing ou de bâton ; bruit d’un soufflet ». Ce qui aurait d’ailleurs aussi donné naissance aux très expressifs « patatras », « patati », « patata » et « patapon » !
Par association d’idées, « pataquès » a pris au fil du temps plusieurs autres significations :
– un discours confus, inintelligible ;
– un impair, une gaffe ;
– une situation qui part à vau-l’eau en raison d’une mauvaise organisation ;
– quelque chose sans importance qui se transforme en affaire d’État ;
– un synonyme de « mastic » dans le monde de l’imprimerie, autrement dit une inversion de lignes, de mots ou de caractères.
Quel que soit votre propre usage de ce mot, nous n’en ferons évidemment pas tout un pataquès !