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Assassin
Au départ, il était une légende : le terrible terme « assassin » serait né en français du nom de la secte musulmane « des Assassins », appelés « haschischiyoun » ou « haschaschin » — des amateurs de haschisch ou de cannabis —, qui sévissait au XIe siècle en Perse. Cette congrégation avait été fondée par un vieux sage chiite, Hassan As-Sabbah, en lutte contre les Turcs Seldjoukides, alors maîtres de l’Islam officiel et sunnites, eux.
Assassin = haschich ?
La secte n’y allait pas par quatre chemins pour faire passer de vie à trépas ses ennemis : après une préparation minutieuse, des fanatiques prêts à se sacrifier pénétraient dans la mosquée, de préférence le vendredi, jour où il y avait foule. Et là, leurs foudres se déchaînaient sur les fidèles. Ce mode opératoire avait un double intérêt : se débarrasser de l’ennemi devant tout le monde, et glorifier la mémoire de ceux qui perpétraient ces assassinats. En effet, les criminels étaient directement lynchés par la foule indignée et horrifiée et partaient pour l’au-delà en héros. Ces martyres agissaient apparemment dans un calme exemplaire, ce qui a fait penser à certains observateurs occidentaux, dont notamment Marco Polo, qu’ils étaient sous l’influence du haschisch. D’où leur petit nom susmentionné !
Une origine capillotractée
Le mot a fini par passer au XVIe siècle dans le français par le biais de l’italien « assassino » (qui a d’abord désigné un chef musulman combattant les chrétiens, puis un tueur à gages). Il signifiait alors « toute personne payée pour commettre un meurtre ». Cette histoire, relayée par nombre de dictionnaires étymologiques, me semble un peu tirée par les cheveux. Car même si je ne suis pas une adepte des paradis artificiels, je sais que la consommation de haschisch n’est pas vraiment propice à une action rapide et efficace, quelle qu’elle soit. En guise d’assassinat, elle tue seulement… les neurones.
Erreur phonétique
J’irais jusqu’à avancer que ce sont plutôt les fameux observateurs occidentaux de l’époque qui, sous l’emprise de substances illicites, ont imaginé cette explication abracadabrantesque ! En effet, une autre étymologie semble devoir être adoptée. Hassan, le vieux sage chiite, surnommait en réalité ses adeptes « assassiyoun », ce qui signifie « fidèles au assas », c’est-à-dire le fondement de la foi — autrement dit, les fondamentalistes. On peut penser que la similarité phonétique entre « assassiyoun » et « haschischiyoun » a induit en erreur les premiers Occidentaux à avoir entendu ces mots…