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Prononciation des mots : qui a raison ?
Entre les francophones, le débat fait parfois rage sur la prononciation de tel ou tel mot… Doit-on dire « ta-gue-lia-telle » ou « ta-lia-telle » ? « Po-èle » ou « po-ale » ? « Per-sil » ou « Per-si » ? « Me-ss » ou « Me-tz » ? Si tout dépend parfois de la région où vous vivez, pour d’autres cas, une prononciation unique et précise s’avère attestée. Faisons le point en prenant quelques exemples !
Ces mots dont la prononciation est fixe
N’en déplaise aux adorateurs de l’allemand ou aux ennemis (au hasard, nancéiens ?) de Metz, les deux dernières lettres de cette superbe ville de Moselle ne font qu’un, et de surcroît un « ss » bien marqué. On prononce donc « me-ss » et non « me-tz ». Si l’on reste dans le registre géographique, notons que le « x » d’« Auxerre » se transforme lui aussi en un simple « ss », tout comme pour nos sympathiques voisins belges, avec leur sympathique capitale Bruxelles.
Et quid de Bourg-en-Bresse, le fief de l’Ain ? Gare à ceux qui omettraient de transformer le « g » en « k » ! On dit en effet « Bourk-en-Bresse »… Mais pourquoi, me direz-vous ? Comme souvent, l’étymologie et l’histoire viennent à notre secours : « Bourg » est en effet issu du franco-provençal « borg », qui se prononçait « bourk ». Enfin les Savoyards et autres Haut-Savoyards savent tous qu’on ne prononce jamais, ô grand jamais, le « z » qui affuble bon nombre des terminaisons des noms de leurs villes et villages, comme la célèbre et huppée Avoriaz, ou encore la station de ski plus familiale La Clusaz…
Si l’on regarde du côté de la gastronomie, sachez que le mot italien « tagliatelle », qui signifie « petites tranches », fait passer sous silence le « gue ». On prononce donc « ta-lia-telle ». Et que dire de « cassis » ? Tout dépend du sens qu’on lui accorde. Si l’on parle de la ville, le « s » de fin disparaît discrètement. En revanche, les frugivores savent que pour désigner la baie, le « s » revient avec toute la force de l’acidité de ce fruit foncé.
Ces mots dont la prononciation diffère
À l’instar de la célèbre « bataille » gastronomique entre l’usage de « pain au chocolat » ou de « chocolatine », certains mots se prononcent différemment selon la région de France où l’on vit.
L’une des controverses les plus connues à ce sujet est la prononciation des mots en « -oelle » et « -oêle », notamment « moelle » et « poêle ». Comme l’ont démontré le linguiste Mathieu Avanzi et son équipe, on constate que c’est bien la version en « wa » qui l’emporte. Seuls le Nord-Pas-de-Calais et la Bretagne (ainsi que certains cantons de Suisse romande) penchent pour le « wè ».
Autre sujet à discussions enflammées, la prononciation du « e » dit muet ou encore « caduc ». Doit-on articuler clairement et dire « petite » ou encore « nettement », ou plutôt mâcher ses voyelles avec « p’tite » et « nett’ment » ? Il semblerait que plus on vit dans le nord de l’Hexagone, plus on a tendance à manger ou à ignorer cet « e » muet.
Et quid des consonnes finales ? Ces Français qui n’ont jamais eu la chance de visiter, encore moins de vivre en Lorraine ou en Alsace ignorent que leurs habitants prononcent toujours le « t » de « vingt »… Quant aux Gascons, ils sont bien les seuls à appuyer le « s » de « moins » ou d’« encens ». Quant aux Nordistes, ils oublient carrément le « l » de « persil », mais pas celui de « puéril » ou « nombril ». Va comprendre…