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Voyage lexical en startupnécheune, le pays du franglais
Voici un échange fictif, comme on peut (malheureusement) en entendre de plus en plus au pays de la startupnécheune, entre deux cadres. On appellera le premier — un vieux cadre toujours dynamique — Thomas, et le second — un jeune cadre dynamique — Benjamin. Ici, le franglais règne en maître…
Le texte en VO : quand le franglais règne en maître
« Salut Benjamin ! Bon, j’aimerais te challenger, pour que tu sois encore plus corporate. Tu sais qu’il va falloir te focuser sur les data qu’on va pitcher en call mardi prochain aux Argentins. Alors, save the date. Ça va être chaud ce one-to-one !
– OK Thomas, ce serait bien que tu me forwardes la data asap, parce que j’ai compris que c’était un deal important. Le feedback que j’ai eu n’est pas top.
– Ah bon ?
– Oui, j’étais dans la boucle. On a vu dans le reporting que les chiffres étaient vraiment bad. On doit prendre le lead !
– Eh bien heureusement qu’on en parle, parce que c’est quand même super touchy, ça ! Et il faut absolument qu’on signe ce deal, sinon on est dead ! Comme on targette maintenant les Américains, il faut aussi revoir les inputs et les outputs pour les driver vers nous. Rappelle-toi, notre CEO insiste. Et on a une deadline ! On doit penser out of the box !
– Oui, ça fait sens, Thomas. Je vais tout faire pour implémenter le process correctement. J’ai la roadmap en tête, t’inquiète !
– Super ! Pense bien aux best practices. On doit vraiment adresser ce problème. Tu reviens vers moi vendredi ? Je serai en meeting toute la journée, mais je checkerai mes mails.
– D’accord, je te ferai un débrief et un update. Je sais que c’est une opportunité pour moi de te montrer que je suis un winner ! Allez, j’attaque les slides. Je serai en remote pour mieux me concentrer.
– Tu veux brainstormer tout seul ? Attention au burn-out ! Ha ha ! Au fait, pas la peine de printer tout ça. On reste focus green, OK ?
– Oui, j’ai pas oublié tout ce qu’on a vu en workshop ! J’en ai même parlé en afterwork avec les gars de la team Green 2030. C’est super mainstream, mais on peut pas switcher avec ce qui se faisait avant. C’est so XXe siècle !
– Merci Benjamin. Go, go, go ! »
Le texte en VF : quand le franglais disparaît enfin
Comment dire ? Tout ceci me fait vraiment très mal aux yeux et aux oreilles… Tentons de traduire ce charabia pour oublier ces errances linguistiques ! Oui, il est possible de redonner du sens à nos mots, même en entreprise, en chassant le franglais de nos bouches !
« Salut Benjamin ! Bon, j’aimerais te mettre au défi, pour que tu aies encore plus l’esprit d’entreprise. Tu sais qu’il va falloir te concentrer sur les données qu’on va présenter mardi prochain aux Argentins au téléphone. Alors, retiens cette date dans ton agenda. Ça va être chaud ce tête-à-tête !
– D’accord Thomas, ce serait bien que tu me transfères les données au plus vite, parce que j’ai compris que c’était un contrat important. Les échos que j’ai eus ne sont pas géniaux.
– Ah bon ?
– Oui, j’étais dans la confidence. On a vu dans le compte rendu que les chiffres étaient vraiment mauvais. On doit prendre la direction du projet !
– Eh bien heureusement qu’on en parle, parce que c’est quand même super délicat, ça ! Et il faut absolument qu’on signe ce contrat, sinon on est morts ! Comme on cible maintenant les Américains, il faut aussi revoir les données et les éléments pour les diriger vers nous. Rappelle-toi, notre PDG insiste. Et on a une date limite ! On doit réfléchir en dehors des sentiers battus !
– Oui, ça a du sens, Thomas. Je vais tout faire pour déployer le processus correctement. J’ai la feuille de route en tête, t’inquiète !
– Super ! Pense bien aux bonnes pratiques. On doit vraiment s’occuper de ce problème. Tu me recontactes vendredi ? Je serai en réunion toute la journée, mais je vérifierai mes courriels.
– D’accord, je te dresserai le bilan et ferai une mise à jour. Je sais que c’est l’occasion pour moi de te montrer que je suis un vainqueur ! Allez, j’attaque les diapos. Je me mettrai au vert pour mieux me concentrer.
– Tu veux réfléchir tout seul ? Attention à l’épuisement ! Ha ha ! Au fait, pas la peine d’imprimer tout ça. On fait attention à l’environnement, d’accord ?
– Oui, j’ai pas oublié tout ce qu’on a vu en atelier ! J’en ai même parlé en soirée avec les gars de l’équipe Écolo 2030. C’est super-répandu, mais on ne peut pas revenir à ce qui se faisait avant. Ça rappelle trop le XXe siècle !
– Merci Benjamin. Allez, on y va ! »
Et vous, quelle version préférez-vous ?