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Scott Joplin, roi du ragtime
Sans lui, L’arnaque, l’un des films les plus connus de Paul Newman et Robert Redford, n’aurait sans doute pas eu le même retentissement. La composition de ragtime la plus connue du génial musicien Scott Joplin, « The Entertainer » (1902), restera en effet à jamais associée à ce long-métrage de 1973.
Multi-instrumentiste
Né peut-être au Texas, probablement autour de 1867, Scott Joplin était le fils d’un esclave qui avait recouvré la liberté sans doute à la faveur de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis (en 1865). Même si la date et le lieu de naissance de l’artiste restent inconnus, un recensement de 1870 permet de lui donner un âge (deux ans) et un lieu de résidence : le nord-est du « Lone Star state ». Pendant son enfance, il déménagea avec sa famille dans la ville nouvelle de Texarkana, située à la frontière entre le Texas et l’Arkansas — comme son nom l’indique ! Son père travaillait dans les champs, tandis que sa mère était employée de maison dans une famille blanche. C’est sur le piano de celle-ci que Scott aurait découvert la musique. Son talent fut vite remarqué par un professeur de musique d’origine allemande qui lui enseigna la musique classique européenne, notamment l’opéra. Très doué, le jeune homme jouait du piano, du violon et du cornet à piston. Doté d’une belle voix, il avait en outre l’oreille absolue et composait sans aide instrumentale.
Fou de ragtime
Scott Joplin était fait pour vivre de son art. Sa carrière musicale débuta au début des années 1890. Installé à Sedalia, dans le Missouri, il joua dans différentes formations, se produisant en tant que pianiste et voyageant dans le pays au gré de différentes représentations. Grâce à sa solide formation musicale, il aurait pu se consacrer à la musique classique inspirée du Vieux Continent. Que nenni ! Scott Joplin était fou de ragtime, un courant musical afro-américain alors en pleine ascension. Précurseur du jazz, le ragtime tire ses origines d’une part de la musique de marche jouée par des musiciens noirs, et d’autre part du cake-walk, une danse populaire parmi les Noirs. Sorte de synthèse entre la syncope africaine et la musique classique européenne, le ragtime a influencé les plus grands compositeurs, parmi lesquels Érik Satie, Claude Debussy ou encore Igor Stravinsky.
Rendez-vous avec le succès…
Parallèlement à l’interprétation, Scott Joplin composait beaucoup de morceaux de son courant musical favori. En rencontrant un éditeur de partitions et propriétaire d’un magasin de musique, John Stark, le jeune musicien put enfin publier ses compositions, dont l’une des plus célèbres est sans conteste « Maple Leaf Rag », en 1899. En 1901, il déménagea à Saint Louis (Missouri), où il continua à composer, tout en enseignant la musique. John Stark, qui était devenu son ami, l’ayant suivi, les deux hommes poursuivirent leur collaboration. Le compositeur rencontra d’autres musiciens par l’intermédiaire de son « mentor », ce qui l’inspira pour composer de nouveaux morceaux.
… avant le retour de la malchance
La chance semblait de son côté. Malheureusement pas pour longtemps. Ayant placé toutes ses économies dans une tournée pour son opéra « A guest of honor », Scott Joplin perdit tout du jour au lendemain. La raison ? Le vol de la caisse. Cet incident sonna le glas des belles années et de la réussite. Rattrapé par les difficultés financières, Scott Joplin vécut dans l’indigence jusqu’à sa disparition. Parti tenter sa chance à Chicago et New York, il collabora avec d’autres musiciens et essaya de publier un nouvel opéra, « Treemonisha ». Il finit par l’auto-publier en 1911. Encouragé par la critique, il tenta d’en monter une représentation, en vain. En 1913, il put créer sa propre maison d’édition musicale. L’espoir renaquit enfin en lui ! Mais las… En 1916, les symptômes de la syphilis, sans doute contractée une vingtaine d’années auparavant, firent leur apparition. Diminué physiquement et mentalement, Scott Joplin mourut dans un hôpital psychiatrique new-yorkais le 1er avril 1917. Il avait à peine cinquante ans.
Hommages posthumes
Au moment de sa disparition, la musique qui l’avait rendu célèbre et lui avait valu le surnom de « king of ragtime writers » commençait à tomber dans l’oubli, remplacée par un engouement furieux pour le jazz. Le ragtime retrouva un semblant de popularité dans les années 1940, avant d’atteindre son sommet dans les années 1970. En 1976, le Pulitzer Committee décerna même à Scott Joplin un prix Pulitzer à titre posthume pour sa contribution à la musique américaine. Et tous les ans depuis 1974, la ville de Sedalia, dans le Missouri, organise le Scott Joplin Festival.