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Ils « croivent » qu’ils « voyent » : pourquoi ces formulations sont-elles des barbarismes ?
À entendre parfois mes compatriotes dire « croivent » ou « voyent », mes oreilles sifflent très fort et je suis au bord d’être atteinte d’acouphènes… Et ce n’est pas parce que Le Gorafi a annoncé leur validation qu’il faut, justement, le croire… Pourquoi ces deux conjugaisons hasardeuses sont-elles des barbarismes patentés ? Je vous explique tout et vous allez voir que c’est très simple.
Croivent
Corrigeons immédiatement cette dérive grammaticale : la troisième personne du pluriel du verbe « croire » n’est pas « croivent », mais « croient », car sinon, cela signifierait que l’infinitif est en réalité « croiver ». Un verbe qu’il reste encore à inventer.
D’où vient cette confusion ? Selon l’Académie française, l’origine de ce barbarisme est à trouver dans une analogie de « croire » avec les verbes « boire » ou « devoir ». Car effectivement, ces derniers se conjuguent bien « boivent » et « doivent », et non « boient » et « doient », à la troisième personne du pluriel.
Comment éviter cette faute ? On peut noter que « croient » se prononce de la même façon que les formes des trois personnes du singulier, à savoir : « crois », « crois », et « croit ».
Voyent
Concernant le très irritant « voyent », ou « voye » dans sa forme au singulier, il s’agit plutôt d’une confusion entre l’indicatif et le subjonctif. En effet, dans les deux cas — par exemple : « ils voient la mer » (indicatif) et « il faudrait qu’ils voient la mer » — l’orthographe s’avère identique. Mais pas seulement : la prononciation est la même aussi.
Quelle est l’origine de cette erreur ? Toujours selon l’Académie française, c’est probablement en raison des formes conjuguées « voyons » et « voyez ». D’autant qu’il est vrai qu’il y a plusieurs siècles, le subjonctif de « voir » se prononçait bel et bien en deux syllabes. Cependant, cet usage a disparu, comme en témoignait déjà Molière en 1656, selon le Littré, dans Le Dépit amoureux : « Ceci est une ancienne prononciation qu’on entend fort souvent. Aujourd’hui voient est d’une seule syllabe. »