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Maïs
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Le maïs, transgénique ou pas, fait partie intégrante de la nourriture occidentale depuis longtemps. Les Américains pourraient-ils se passer de leur pop-corn dégoulinant de beurre synthétique ? Et les caddies des ménagères de l’écœurant maïs sucré du célèbre Géant glauque ? Et la « bonne huile de maïs » continuera-t-elle à boucher les artères grâce au matraquage publicitaire du lobby agroalimentaire ? Toujours est-il que c’est en venant coloniser le continent américain que l’homme blanc découvrit cette plante, succulente au demeurant.
Du blé de Turquie au blé d’Inde
Comme ce sont les Espagnols qui démarrèrent les hostilités, ces derniers baptisèrent aussitôt leur nouvelle découverte maíz, en s’inspirant fortement du vocable local mahiz, qu’utilisaient les Indiens Taïnos, alors habitants légitimes de ce qui est aujourd’hui Haïti, Saint-Domingue, la Jamaïque, une partie de Cuba et Puerto Rico.
L’origine américaine du maïs n’étant cependant pas établie immédiatement, l’appellation erronée de blé de Turquie ou de Barbarie sévit en effet des siècles durant. D’ailleurs, le « blé d’Inde » est toujours employé au Québec en guise de synonyme de « maïs ». Cette forme fut en tous les cas attestée dès 1555.
Une langue encore vivante
Mais revenons aux braves Taïnos, décrits en 1494 par des proches de Christophe Colomb comme des « gens d’amour » qui émerveillèrent au premier contact les envahisseurs ibères. Alors pourquoi les décimèrent-ils ensuite en moins d’un demi-siècle ? La langue de cette peuplade — une parmi les nombreuses langues arawakiennes — est bien la seule chose à avoir survécu à ce massacre, puisqu’elle donna nombre d’autres vocables dans nos idiomes occidentaux : ananas, canoë, caïman, goyave, hamac, ouragan, patate (douce), savane ou encore tabac en sont issus. Alors quand nous croquons dans un épi de maïs, ayons une pensée pour l’histoire de ces hommes dont l’héritage survit dans notre vocabulaire et nos habitudes culinaires.