Blog
Marron

Quand on évoque aujourd’hui l’adjectif ou le nom commun « marron », on pense le plus souvent à une couleur d’automne et bien sûr à celle de la terre. Ou encore à un fruit non comestible si on lui ajoute la qualification « d’Inde », contrairement à sa sœur quasi jumelle, la châtaigne. Dernière possibilité communément admise : le fameux avocat, dont la probité se trouve par l’emploi de ce qualificatif fortement remise en cause. Cependant, si l’on se penche sur l’étymologie et l’histoire de ce terme, d’autres significations se dessinent. Partons sur le chemin des origines de ce mot aux multiples significations…
Quand les colons détournent le marron
C’est l’espagnol qui a fourni au français l’adjectif « marron », déclinaison de « cimarrón », pour signifier « fugitif ». Depuis 1540, ce mot qualifiait en effet en castillan un esclave en fuite, réfugié dans les fourrés (« cimarra ») ou en haut d’une montagne (« cima » pour « cime »).
Introduit aux Antilles un siècle plus tard, le terme a d’abord été employé pour désigner un animal domestique qui se serait échappé pour retrouver l’état sauvage. Puis ce sont les colons qui l’ont détourné de son sens premier, face aux tentatives de leurs esclaves noirs de recouvrer la liberté.
Teinte, fruit ou avocat ?
Aujourd’hui, quand il ne désigne pas une châtaigne ou une couleur, le terme signifie « être fait » ou « attrapé », quand il ne revêt pas une connotation négative, teintée d’illégalité et de malhonnêteté. Ne parle-t-on pas d’avocat marron (pour véreux) ? ou encore d’ouvrage marron (pour du travail clandestin) ? Sans doute un relent de la colonisation, les Blancs estimant que quand l’un de leurs esclaves, considéré comme un animal, voire un non-humain, tentait d’échapper au joug de ses « maîtres », c’était un acte hautement répréhensible, digne des châtiments les plus cruels. Tristes tropiques…