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Réticule
Ayant peu d’appétence pour l’optique et l’astronomie, c’est plutôt le sens lié à la mode du mot « réticule » que je souhaite évoquer aujourd’hui. Qui sait encore qu’entre la fin du XVIIIe siècle et tout le siècle suivant, les femmes parlaient en effet de « réticule » quand elles évoquaient leur sac à main ? Tombé dans l’oubli, ce terme au charme suranné est issu du latin reticulum, c’est-à-dire « petit filet ». Un nom de baptême qui s’explique par le fait que les premiers réticules étaient en tissu recouvert d’une sorte de filet.
L’ère des poches intérieures
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les femmes ne s’encombraient pas de sac à main, donc encore moins de réticule. Tout était caché sous leurs jupes ! De multiples poches intérieures — non cousues sur l’étoffe, un concept de couture qui ne verra le jour qu’à la fin du XIXe siècle —, sortes de petits sacs placés sous les vêtements, leur permettaient d’y glisser un mouchoir, un flacon de sels, une bonbonnière et même un livre de messe…
Marie-Antoinette, toujours en avance d’une tendance
Vers 1780, patatras ! Les robes à panier sont devenues synonymes de « fashion faux pas ». Exit les modèles bouffants, où moult poches pouvaient se cacher ! Bienvenue à un look plus ajusté, léger et diaphane, inspiré des tuniques grecques.
Cette mode fait alors fureur à Versailles, glorifiée par la reine Marie-Antoinette, toujours en avance d’une tendance. Pourtant, un dilemme naît rapidement : comment rester élégante tout en gardant contre soi tous les objets dont une femme du monde ne peut se séparer ? Le réticule était né — parfois nommé aussi « balantine » (mot d’inspiration grecque).
Mort sur le champ de bataille
Très rapidement, ce nouveau meilleur ami de la femme prend des allures sophistiquées : perles, pierres, pompons et autres broderies ornent une base en soie, mousseline ou simple coton. Doté d’un fermoir métallique plus ou moins ouvragé, l’ancêtre du sac à main s’enrichit d’une poignée pour être porté à la main ou d’un crochet pour le fixer à une ceinture. Ce n’est qu’après le Première Guerre Mondiale que le réticule tombe en disgrâce, laissant place à des sacs plus grands, en cuir de toutes sortes et autres peaux d’animaux plus ou moins exotiques.