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Vamp
 

 

Aussi appelée « femme fatale », la « vamp », même si elle occupe une place de choix dans la littérature, vécut son heure de gloire principalement à Hollywood, et ce dès l’avènement du muet. Ce mot inventé par les Américains est tout simplement un diminutif de « vampire », car il s’agissait bien de signifier que ces femmes sexuellement irrésistibles signaient toujours l’arrêt de mort des pauvres et innocents hommes qui avaient le malheur de croiser leur route.

La première vamp du cinéma

Le tout premier film consacré à une vamp serait une création de 1913 de Robert Vignola, sobrement intitulé The Vampire, et fortement inspiré du poème de 1897 du même nom, signé Rudyard Kipling. Deux ans plus tard, c’est un vers tiré de cette poésie, « A fool there was » (« Il y eut un imbécile »), qui donna son titre au film qui consacra la première vamp du cinéma, Theda Bara. Louise Brooks personnifia elle aussi à merveille ce type de créature funeste, dont elle fit une interprétation magistrale et inoubliable dans Loulou, de Georg Wilhelm Pabst (1929).

 

Bien entendu, il fallait donner à ce type de femme vénéneuse une aura particulière. Les producteurs hollywoodiens, eux-mêmes venus pour la plupart de l’étranger, donnèrent aux vamps des origines lointaines, soit d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient, d’Asie, voire totalement inconnues. Il fallait faire fantasmer le bon père de famille tout en l’effrayant. Theda Bara et ses comparses, comme Pola Negri ou Musidora, ayant signé leur arrêt de mort avec l’avènement du parlant à la fin des années 1920, il fallut attendre les années 1940 pour que les vamps reprennent du poil de la bête.

Qui dit vamp dit perdition

La vogue des films noirs porta ainsi au pinacle des héroïnes vénéneuses à souhait et belles à tomber par terre. Qu’il s’agisse d’une chanteuse de cabaret, personnifiée par l’extraordinaire Rita Hayworth dans Gilda (1946), d’une femme du monde comme la divine Gene Tierney dans Péché mortel (1945), ou encore de jeunes épouses fatiguées de leurs maris ou qu’elles voulaient voir mourir le plus vite possible pour hériter de leur fortune, jouées à la perfection par Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort (1944) et la sublime Lana Turner dans Le facteur sonne toujours deux fois (1946), le message était toujours le même : qui dit vamp, dit perdition. Car c’est bien connu, depuis Ève et sa fameuse pomme, nous les femmes sommes toujours coupables. Et ce sera sans doute ainsi jusqu’à la fin des temps.