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Peut-on dire et écrire « malgré que » ?
 

 

Vous haussez les sourcils quand vous entendez ou lisez « malgré que » ? Eh bien vous n’avez pas forcément raison de penser qu’il s’agit d’une erreur. Décryptons ce mystère !

Une seule formule

Première surprise (ou peut-être rappel) : on peut employer « malgré que » à l’écrit comme à l’oral, à condition que cette locution soit suivie du pronom personnel sujet et du verbe « avoir » au subjonctif : par exemple « malgré que tu en aies ». Cette formule très littéraire et quelque peu has-been signifie « à contrecœur », « contre mon, ton ou son gré », « malgré moi ». En effet, « malgré » signifiait à l’origine « mauvais gré ».

Dans ce cas, et comme cette expression est quand même un tantinet ancienne, a-t-on le droit d’être moderne et de faire une entorse à la règle en déclinant cette formulation avec d’autres verbes comme « faire », « dire », « être », etc. ? Voire les conjuguer à l’indicatif ? Que nenni, échaude nos espoirs l’Académie française ! Seul le verbe « avoir » au subjonctif trouve grâce aux yeux des sages.

 

Vive la tolérance !

Pourtant, il convient de rappeler et de souligner que nos plus grands écrivains — notamment Marcel Proust, Guillaume Apollinaire ou encore Saint-Exupéry — ont été nombreux à commettre cette terrible faute dans leurs écrits. Certains d’entre eux, comme Mauriac ou Cocteau, ont même été académiciens ! Cependant, en dépit de leur approbation, rien n’y a fait. « Malgré que » reste limité au seul emploi cité plus haut.

On entend cependant de plus en plus cette fameuse locution dans les conversations de tous les jours, pour signifier « bien que », « quoique » ou « en dépit du fait ». Alors, puisque la langue soutenue, et donc principalement employée à l’écrit, ne le supporte pas, d’aucuns peuvent tolérer un « malgré que » de temps en temps dans la bouche de leurs interlocuteurs, non ?