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Céladon

 

 

Céladon. Ce terme peu usité de nos jours a pourtant une longue histoire étymologique, qui mêle tour à tour littérature,porcelaine, théâtre et design. Le tout sur un magnifique fond à la teinte vert tendre.

Des origines littéraires

On retrouve pour la première fois le mot « céladon » dans L’Astrée, une œuvre d’Honoré d’Urfé, publiée de 1607 à 1627. Dans ce texte pastoral — le premier roman-fleuve de la littérature française —, on appelait ainsi un berger au costume orné de rubans vert pâle. La mode de la porcelaine de Chine de la même couleur s’étant introduite en France au XVIIe siècle, les objets de cette matière ont logiquement été baptisés des « céladons », dont on voit ici un spécimen en photo.

De Molière à Stendhal

Ce sont d’ailleurs des rubans de cette teinte qu’Alceste arbore dans Le misanthrope (1666) de Molière : pour ceux qui se demandaient pourquoi on surnomme ce personnage « l’homme aux rubans verts », le mystère est résolu ! Ce type d’ornement était très en vogue à l’époque.

Plus tard, au XIXe siècle, « céladon », toujours aussi inspirant pour les auteurs, désignait par exemple dans Lucien Leuwen (1836), de Stendhal, quelque chose de platonique, voire gnangnan. Quant au grand écrivain russe Nicolas Gogol, il l’employa dans Les âmes mortes (1842) pour évoquer un amant passionné et sentimental, quoiqu’un peu ridicule.

Le retour en grâce de céladon

Aujourd’hui, cette couleur poudrée aux accents parfois légèrement marron, toujours légère et discrète, semble revenir au goût du jour. On la trouve parmi les nombreuses teintes de peinture proposées pour décorer sa maison, ou sur le tissu moelleux qui enveloppe certains fauteuils design. Un vignoble a baptisé ainsi l’un de ses crus, quand un restaurant l’a lui aussi choisi comme patronyme. Comme quoi, la mode n’est qu’un éternel recommencement. La douceur innée « céladonnesque » attirera toujours.